C’est dans une piscine désaffectée située dans un jardin du Nord de la France que se déroule cette observation. La piscine est un cylindre de cinq mètres de diamètre et d’un mètre de profondeur. Le sol est à nu, le contour est fait de tôle.
Dès l’automne, le cylindre se remplit d’eau, par le bas et le haut, la terre et le ciel. Un tissu, cousu au format est déposé dans le fond du cylindre comme une toile qui témoignera de la peinture des éléments naturels.
Cet espace apparemment clos comporte quelques ambiguïtés : bien qu’étant circonscrit en ses bords, le temps s’y écoule littéralement. Fermé sur son contour, sa surface est ouverte au dessus et au dessous, il est à la fois un espace intérieur et extérieur, protégé et exposé aux assauts du temps.
C’est un espace intermédiaire, un milieu dont l’intérieur se fait et se défait constamment. Une succession de « structures » ou de formes émergentes se dessinent, se tracent selon les facteurs atmosphériques. Il s’agit, par la photographie d’en trouver les signes, les indices, les symptômes, du changement au gré des saisons.
Par moment, le cylindre est saupoudré de pigments blancs d’origine minérale. L’usage des pigments, secs ou liquides, révèle les structures a priori imperceptibles à l’œil – ou tout au moins, imperceptibles à la lentille de l’objectif photographique – tout comme en science on injecte des colorants dans l’organisme afin de discerner le fonctionnement de certains organes, ou la transmission d’informations d’un milieu à un autre.
Le temps passe. Arrive le printemps, l’atmosphère se réchauffe, l’humidité est absorbée, la nappe phréatique descend, le cylindre se vide. Le mouvement du vivant se fige. L’observation s’arrête, la toile est retirée puis présentée à la verticale. Ainsi elle s’offre comme une paroi ornée de six mois de vie semi – aquatique.
Cette expérience s’est effectuée entre le 21 novembre 2006 et le 19 juillet 2007. Toutes les observations (photographies et commentaires) sont rassemblées dans un ouvrage de 117 pages.
Maryline Terrier 